Histoire 

 

"La route de l'Instituteur"

Les écrits de Georges HENNEUSE:

Discours manuscrits

(cliquez sur le numéro de page)

Date Titre Page
2 septembre 1945 1 2 3 4 5 6 7
9 septembre 1945 1 2 3 4 5 6
9 septembre 1946 1 2 3 4  

Montroeul au Bois: Description de Montroeul en 1951-1952
PLAN
  1. Histoire de la commune
  2. Cortège de la victoire
  3. Monument à la Résistance
  4. Portrait des trois héros
  5. Hommage
  6. Un centre d’intérêt
  7. Considérations sur la nature
  8. Tournai, ville d’art

Montroeul-au-Bois est une petite commune qui compte actuellement 500 habitants. C’est un village essentiellement agricole. Quelques fermes importantes se partagent le territoire en grande partie. On peut encore voir et entendre la cloche, au somment de la toiture de l’une d’elles, qui appelle au repas les ouvriers travaillant aux champs. Ceux-ci se font de plus en plus rares et ceux qui s’occupaient des travaux saisonniers sont réduits au chômage ou vont travailler aux fabriques d’Anvaing et de Dergneau. Le machinisme agricole a tué la main d’œuvre ouvrière et toutes les satisfactions que le travail des champs procure à celui qui sait comprendre la nature. Si Lamartine revenait parmi nous, comme il haïrait, comme il maudirait, lui le poète contemplatif, toute cette mécanique qui empêche l’homme des champs de vivre en traçant son sillon, un beau rêve d’artiste et de goûter aux harmonies poétiques, car comme il le disait si bien dans les « Laboureurs » : « Ah ! Qui sait lire ainsi les pages du Grand Livre, ne doit ni se lasser, ni se plaindre de vivre ».

Et voici l’historique de la commune :

La commune de Montroeul-au-Bois est une commune très vieille. Le nom de Montroeul, autrefois Monstroeul, vient du mot latin Monastérolium, petit Monastère. On peut conclure qu’un monastère, dont on a d’ailleurs retrouvé des vestiges, y fut construit dans le bois. Les religieux qui s’y étaient fixés entretinrent et développèrent la dévotion à Marie, Notre-Dame des Joyaux. L’antique statue qui garnit l’autel de la Vierge est, à n’en pas douter, l’œuvre de l’un d’entre eux. C’est là que fut primitivement honorée la célèbre Vierge de Montroeul. C’est là qu’elle commença à opérer des merveilles et en si grand nombre que sa gloire s’étendit bientôt aux régions environnantes. Une remarquable tradition affirme que la Madone vénérée fut à plusieurs reprises transportées par les paroissiens à l’église du village qui se trouvait alors distante d’un bon kilomètre du bois où se trouvait la chapelle de la Vierge miraculeuse et, chose merveilleuse, chaque fois le lendemain on la retrouvait à l’endroit primitif.  C’est alors que, respectueux de la volonté de leur Vierge, les pieux habitants de Montroeul se décidèrent à lui construire une remarquable chapelle en cet endroit qu’elle-même s’était choisi.
Au XVème siècle, Guillaume de Nassau, Prince d’Orange et ses gueux, protestants farouches, envahirent notre pays et portèrent la dévastation dans nos provinces, brûlant et profanant les abbayes, les églises et les sanctuaires.
L’église paroissiale de Montroeul n’échappa pas à ce désastre et les habitants, faute de ressources suffisantes, se décidèrent à agrandir la chapelle de Notre-Dame pour la célébration des offices.
Dans la suite des temps, elle subit encore différentes transformations et en ces dernières années, cette antique église menaçant ruine, fit place à un magnifique sanctuaire gothique du XIIIème siècle où Notre-Dame des Joyaux possède encore sa chapelle et la bonne Vierge, toujours miséricordieuse continue à y répandre une telle abondance de bienfaits que sa renommée s’étend à toute la Belgique et en a dépassé les frontières.
Le pèlerinage et la chapelle de Notre-Dame des Joyaux remonte à une très haute antiquité. L’état du bloc de chêne dont est faite la statue le montre à l’évidence. De plus des documents conservés aux archives de la paroisse attestent qu’en 1316, l’évêque Pierre de Cambrai, a fondé un bénéfice en l’honneur de Notre-Dame des Joyaux, donnant à l’église de Montroeul une partie du bois qui entoure le sanctuaire et qu’on appelle le bois de la Vierge.
Certains noms de hameaux conservent encore les traces du temps des monastères.  Dans les granges d’une vieille ferme qui existe encore, les moines engrangeaient les redevances des fermiers, c’est-à-dire la dixième partie de leurs récoltes.  Ce hameau s’appelle encore maintenant la Dîme.
Sur la Grand’Place se trouvait une brasserie qui était la deuxième du canton comme production de bière ; elle existe encore mais on ne brasse plus. Il y avait quelques moulins à vent et surtout un très productif à « la Carrière du Moulin ».  Ils disparurent petit à petit quand les fines farines fournies par les grandes meuneries apparurent.  Un moulin à vapeur fut construit plus tard le long de la Grand’Route de Tournai ; il est modernisé actuellement avec l’électricité. Un extrait des registres communaux nous apprend que le 26 novembre 1847, l’administration communale demanda un subside à la Province pour paver ses routes.  Les frais étaient évalués à 669 Fr.
En date du 23 septembre 1848, la commune approuve pour la somme de 5.500 Fr l’acquisition de la maison du curé.
Et voici d’autres votes de la commune :
En 1848, traitement du bourgmestre : 100 Fr ; échevins : 60 Fr ; secrétaire : 175 Fr, garde-champêtre : 250 Fr ; curé : 50 Fr.
En 1850, la commune fait voter une somme de 20 Fr à remettre entre les mains du Commissaire d’Arrondissement pour l’érection d’un monument au Congrès National à Bruxelles.
En date du 22 septembre 1852, 3 prix de 25 Fr chacun seront décernés chaque année aux personnes de la classe indigente qui s’en seront rendues dignes.
En date du 15 mars 1893, la commune demande à la députation permanente de rembourser à la province à raison de 50 Fr au Km pour la section située sur le territoire de Montroeul pour le projet d’établir le vicinal Tournai-Ath.  En 1894, vu les avantages pour les agriculteurs se rendant à la sucrerie de Frasnes, la commune décide d’intervenir dans la construction du chemin de fer vicinal Tournai-Ath.
En date du 11 février 1897, l’adjudication de la construction d’une nouvelle église sur l’emplacement de l’ancienne est donnée à Henri Bilmont de Saint-Sauveur, pour la somme de 35.000 Fr
En date du 9 août 1848, 66 enfants pauvres iront à l’école communale dirigée par Mademoiselle Marie-Catherine Dusauçois.
En 1848, 78 enfants pauvres recevront l’instruction gratuite et seront nourris chez des personnes charitables.
En 1849, Mademoiselle Elisa Journé de Watripont est nommée institutrice.
En date du 21 mars 1859, on décide une estimation pour la construction d’une école et d’une salle communale pour 10.933,75 Fr.
En date du 25 juillet 1860, vu la pauvreté de la commune, celle-ci demande à la province de surseoir à la construction de l’école.
En date du 27 novembre 1860, vu la réponse du Commissaire d’Arrondissement, la commune demande un subside de 50% pour la construction des bâtiments d’école.
En date du 24 janvier 1861, vu qu’aucun bailleur de fond ne se présente et ignorant l’époque de paiement de subsides, la commune dégage sa responsabilité et laisse à l’autorité supérieure le soin de prendre une décision.
En date du 10 avril 1861, vu l’Arrêté Royal décrétant une école d’office dans la commune, l’administration communale décide de faire un projet de construction et d’intervenir pour un sixième dans la dépense.
En octobre 1891, attendu que d’après Monsieur l’Inspecteur principal et l’architecte, le terrain répond aux exigences, la commune décide d’acquérir à la fabrique d’église un terrain de 25 ares pour la construction de l’école des garçons (2e école).  Ce terrain est acheté au prix de 1000 Fr l’hectare.
En date du 14 juin 1894, le Conseil approuve les plans pour la somme de 18.498,17 Fr.
En date du 2 février 1895, Casimir Fromond d’Havinnes obtient l’adjudication de l’école pour 16.025,17 Fr, les briques lui étant fournies par la commune au prix de 16 Fr le mille.

Au point de vue matériel et moral, les ouvriers surtout étaient bien à plaindre.  Ils gagnaient dans les fermes 0,10 Fr à 0,15 Fr par jour, d’autres 5 à 6 Fr par mois.  Ils étaient mal nourris, mangeant du pain noir ; on tamisait la farine une ou deux fois par an pour faire des gaufres au « Carmeu » (Mardi Gras) ou des ratons sur une feuille de chou à la ducasse.
On mangeait beaucoup de lard ; on s’éclairait au crachet ou au moyen de la lueur que laissait passer en son milieu le pot du feu troué.  On payait 10 Fr pour un tombereau de charbon ; 18 Fr pour une tonne de bière.  Les liqueurs étaient consommées en grande quantité, ce qui explique les rixes et les batailles si nombreuses en ce temps là.
Il n’y avait qu’un seul docteur pour la région : Fournier établi à Anvaing ; comme remède il prescrivait les saignées. Par contre les charlatans étaient nombreux et profitaient de la naïveté des gens.
Voici le récit, que me fit en 1930 le plus âgé de la commune (il avait 90 ans), de son mariage :
Il emprunta 60 Fr pour ce jour là ; avec cet argent il se rhabilla complètement, paya des tournées aux invités, les frais du mariage, puis il partit en tour de noces à Bonsecours, à pied (par économie). Quand il revint le lendemain, il lui restait encore de l’argent. Le soir, on se réunissait en société et sur le pavement de terre battue, on dansait les quadrilles, sans musique ; les invités notaient les airs en buvant de fortes rasades de genièvre. Comme habillement, la redingote.
Des braconniers, il en pleuvait à Montroeul ; on avait un lièvre pour 3 Fr.
Il y avait à Montroeul une société de musique. Chaque musicien achetait son instrument. Ils changeaient de local souvent. Un cabaretier achetait le local et toute la musique se transportait chez lui. Plus tard, deux cabaretiers se sont partagés les musiciens ; l’un près de l’église, l’autre à la Barberie.  Ceci a donné naissance aux deux fanfares qui existent encore maintenant : la fanfare de la Place et la musique du Pavé.  Enfin cette scission a dégénéré en partis politiques, la Place et le Pavé ; mais ceci est une autre histoire.
Comme industrie, il n’y avait que la brasserie qui produisait énormément mais qui est abandonnée depuis 20 ans.
Ce vieillard me racontait ceci : il achetait des œufs et allait chaque semaine, à pied, la hotte sur le dos, porter sa marchandise à Tournai.  Il n’entrait nulle part mais se reposait le long de la route, en déposant sa hotte sur les grandes bornes de pierre. Le bien-être matériel développé de ce siècle a amoindri en quelque sorte les belles qualités morales et généreuses de nos ancêtres. On ne prête plus à son voisin maintenant, on fait des affaires avec lui. Matériellement nous avons gagné. Moralement nous avons perdu.

Au point de vue touristique, depuis le lundi de la Pentecôte jour du grand pèlerinage à N.D. des Joyaux, jusqu’au 15 août, le petit village est traversé par des promeneurs, qui vont contempler dans le bois, l’immense panorama qui se déroule des deux côtés de la vallée.  Au sommet, un vieux château domine, dans les futaies, entouré de marronnier, toute la colline boisée.

Voici pour faire comprendre toute la beauté de ce coup d’œil, le résumé d’une leçon d’observation faite avec mes élèves et que j’ai intitulé : Excursion en miniature. Matériel : appareil à photos – jumelles.
Je ne citerai que le passage concernant le château :
« le temps est clair.  Quel magnifique panorama ! On prend les jumelles, les vues sont pleines de soleil ; les paquets de maison se détachent en ronde basse sur un fon de verdure.  Voici la sucrerie de Frasnes en pleine activité ; le long de la grand’route, des camions chargés de betteraves ou de pulpes se croisent tandis que le tram amène des convois de 7 et même 8 wagons.
A droite, la fabrique Rosier de Moustier.  Dans le fond, en hauteur le bois de Martimont avec sa fontaine à buse.  A gauche, l’église de Forest et au loin le clocher de Cordes, enfoui dans les arbres.  Là-bas c’est l’école.
De l’autre côté du versant, la vue est splendide et immense.  Voici la gare de Leuze-Gaurain et les deux grandes cheminées de l’usine Bataille.  A gauche, les clochers de Pipaix, Tourpes, Thumaide et Basècles.  Voici la ligne de chemin de fer Tournai-Leuze ; la circulation des trains est plus intense. 
On regarde l’heure au clocher d’Hacquegnies : il est 4 heures.  Bigre, comme le temps passe.
En route pour le Château ; on rentre dans le bois.  Dans l’allée centrale, le marronniers sont dégarnis ; dans un fond de grisaille, ils ressemblent à d’immenses squelettes s’étirant, heureux d’être débarrassés de leurs fruits.
De temps en temps, un faisan solitaire s’envole dans un grand claquement d’ailes en lançant son cri particulier.
On approche du château.  A l’horizon, entre deux futaies, on aperçoit la girouette.  Je réclame le silence, car le garde n’aime pas le bruit, cela dérange le gibier.
Ah ! voici le garde qui fait sa ronde, le fusil sur l’épaule ; il est accompagné du régisseur.  On leur dit bonjour ; ils s’éloignent.  Et voici le château ; depuis longtemps il n’est plus habité.  Pendant la guerre, il fut occupé par les allemands et en 1945 par les Anglais et les Juifs de l’armée libératrice.
On en fait le tour, puis on descend dans les sous-sols visiter les caves - les anciennes prisons avec leurs lucarnes rondes -.
Voici la date de restauration de certaines parties du château (1858).
Voici la basse-cour et la chapelle y attenant, surmontée de la petite cloche qui appelait les habitants du château aux offices religieux.  On se hisse sur une vieille roche pour voir à l’intérieur : tout est calme et silencieux ; les chaises sont encore en place ; on n’attend plus que l’aumônier pour chanter l’office.
On se retourne et on observe les créneaux, les clochetons du château, les meurtrières, etc… on monte sur le perron ; on revoit l’étang qui entoure le château, la moitié a été asséchée et plantée de peupliers.
On visite la grotte et on jette un coup d’œil sur l’ensemble du château qui se dégage, majestueux et impressionnant, dans la verdure cuivrée d’un automne assez clément.
En-dessous, de petits sapins entourent le parc ; nous ramassons des « baromètres » et nous reprenons le chemin de l’école.
Le lendemain, on raconte ! Ah ! quelle conférence animée et contradictoire.  On sent que tout ce petit monde a profité de l’excursion en miniature.  On vérifie les données du château dans l’Histoire de Belgique.
On explique la manière de manger des marrons, de faire des sapins de Noël, le fonctionnement du baromètre.
Journée de souvenirs pour tous, qui se souviendront du château, des marrons, des oubliettes, de la grotte, de l’étang, d’un tas de choses instructives et émouvantes.
C’est donc une excursion en miniature car elle nous a permis de voyager depuis Anvaing, Frasnes, Leuze, Gaurain, Basècles, jusqu’à la dorsale que borde à l’horizon ce magnifique panorama.  On a eu un petit aperçu sur notre contrée.
Dans la vie, il faut savoir tirer son plan.  Si nous n’avons pas les moyens de visiter Leuze, Gaurain, du moins nous avons pu, par un tour d’horizon visuel, au travers des lentilles, nous faire une idée vague de notre entourage et de notre contrée.  C’est peu… mais c’est tout de même quelque chose.

En 1943, dans le village, s’abattait un avion américain.  Un an plus tard, à 15 jours d’intervalle, deux héros de la résistance, Gilbert Lagneau et Gérard Dogimont, tombaient victimes de la gestapo.  La résistance leur a élevé un monument au Callois.  Un an plus tard, la Dramatique du Pavé, que je préside, a joué une pièce de circonstance : « L’armée du silence » pour pouvoir acheter les photos en médaillons des trois héros, à graver dans la pierre.  Voir plus loin les deux allocutions que j’ai prononcées au cours de l’inauguration du monument en 1945 et de la remise des médaillons en 1946.

Le 2 septembre 1945, premier anniversaire de la Libération, un grand cortège parcourut les rues du village ; ce fut après Moustier le plus beau et le plus grandiose de la région.  Nous avons grimé 90 personnages, payé pour 12.000Fr. de costumes et de tapisseries à Messieurs Dupuis et Tréhoux, de Tournai.  J’avais une magnifique collection de vues du cortège ; hélas ! à l’exposition de fin d’année scolaire organisée à Pecq, la dite collection ne fut plus retrouvée ; il me reste quelques clichés que j’ai pu réunir chez les voisins.

La cérémonie de l’inauguration fut suivie d’hun hommage à la résistance, dont je composais le texte, au Salon du Pavé, orné pour la circonstance.  Le soir, un bal réunit toute la population costumée du cortège ; on pouvait voir une marquise danser avec un cosaque russe pendant qu’un cow-boy contait fleurette à une alsacienne.  Le coup d’œil était magnifique ; on se serait cru au temps de Louis XIV dansant le menuet dans les salons de Versailles.
Toutes ces manifestations qui doivent et qui font aimer notre village sont à conseiller et à développer, car cet amour local se reporte sur la grande patrie, la Belgique, notre berceau à tous.
C’est donc dans l’enfance, c’est par les petits que l’on doit commencer pour inculquer cet amour du sol natal et le respect des héros qui ont versé leur sang pour la garder libre.
A ce propos, toutes ces manifestations seraient vaines et sans fruit s’il n’y avait pas comme un schéma, un résumé de toutes ces belles choses qui doivent rappeler le souvenir de nos héros et les empêcher de sombrer dans la nuit de l’oubli.
Aussi, derrière le bureau, face aux élèves, j’ai affiché un grand tableau rappelant le sens de ces vérités nationales et chaque matin après la prière, les enfants font l’appel aux morts suivi des mots : Morts pour la Patrie, et aux grandes fêtes de l’année : Toussaint ; Armistice ou en promenade, on va fleurir le monument aux morts pour la patrie.
Si je parle un peu trop de ce que j’ai fait à l’école, ce n’est pas par vanité, non ; mais simplement parce qu’il n’y a rien d’autre à dire.  Dans les villages, les paysans sont réfractaires à toutes ces choses ; ils sont amorphes ; ils ont la vue très raccourcie de ces belles choses, courbés sur leur sillon, ils ne voient ni le ciel, ni la nature qui les domine dans toute la splendeur des harmonies universelles.

J’ai terminé.  Puisse l’historique de ma petite commune, où tout se fait au ralenti et après des hésitations et des retards importants, intéresser les communes voisines. Pour ma part, j’ai toujours taché de faire aimer aux enfants ce qui est beau, ce qui est noble, ce qui est faible, soit dans la nature, soit dans le pays. On doit cultiver le culte, non seulement des héros qui sont morts pour notre liberté, mais aussi de tous ces ouvriers, artisans, employés, mineurs, etc… qui, les uns au danger, les autres avec une très grande responsabilité, ont dans l’obscurité, sans faste, sans éclat, sans coup de clairon, accompli leur tâche quotidienne et contribué à former et développer nos villages, nos villes, notre pays. Comme le disait si bien Monsieur l’Avocat Van de Kerkove, un des fondateurs de « La Libre Belgique », en 1917 : « Etre un bon patriote, ce n’est pas agiter des drapeaux, hurler des brabançonnes, c’est vivre quotidiennement sa vie de bon citoyen ; c’est remplir dans la société humaine la tâche que la destinée a voulu que vous remplissiez, avec foi, avec ténacité, avec dévouement et générosité.  Les bons ouvriers, les bons artisans sont de bons défenseurs de la Patrie ».

Renseignements d’ordre général

Superficie : 568ha dont 6ha7a de superficie bâtie

Hameaux : Goderneau, Place, Bois, Barberie, Mianvaing, Gorge, Pire, Pavé, Les Fermes, La Dîme, le Callois

Voirie communale : La voirie compte 13.233 mètres de chemins empierrés et 3.023 de chemins de terre.
L’entretien de ces chemins est entièrement à la charge de la commune.  Une grande partie des chemins empierrés est recouverte d’un tapis de tarmac dont 4km195 sont classés en grande communication, mais non subsidiables ; la 2e partie, soit 12km étant en petite vicinalité.
Bien que la commune ne bénéficie d’aucun subside pour l’entretien de ce chemins, leur état est relativement bon ; une grande partie a déjà été recouverte d’un mince tapis de tarmacadam ; l’administration communale a l’intention de poursuivre dans cette voie.
La commune est traversée par la route provinciale Frasnes-Tournai ; celle-ci a été pourvue d’un revêtement en béton monolithe au cours de cette année.
Au cours des guerres 1914-1918 et 1940-1945. (en mai 1940 : 5 bombes lâchées par un avion en détresse ; l’une de ces bombes tombe dans la maison du moulin (dégâts matériels).

Démographie :

Nombre d’habitants en     1900 : 802
                                      1902 : 811
                                      1930 : 571
                                      1947 : 515
                                      1951 : 508
Le chiffre de la population a baissé de 294 unités en 50 ans ; les raisons en sont multiples.  Il y a en premier lieu la dénatalité.  Chaque année, le nombre des décès surpasse celui des naissances.  Il y a aussi le manque de moyens de communication qui fait que les jeunes ménages d’ouvriers désertent le village pour aller s’installer à proximité des usines.
La démolition des vieilles maison ; depuis 30 ans, 25 au moins ont été rasées ; 10 nouvelles seulement ont été construites, soit par des commerçants, artisans ou cultivateurs.

Nombre de personnes âgées de plus de 65 ans : 91; âgées de 20 ans et moins : 98

Répartition des ménages suivant le nombre d’enfants :
50 ménages avec 1 enfant ; 23 avec 2 enfants, 5 avec 3 enfants, 3 avec 4 enfants, 2 avec 6 enfants.

Répartition professionnelle

63 cultivateurs                         2 peintres
38 ouvriers d’usine                   1 électricien
23 ouvriers agricoles                2 maréchaux
6 journaliers                            1 tailleur
15 commerçants                     1 cordonnier
3 bouchers                             1 bourrelier
1 meunier                               1 horticulteur
1 boulanger                            1 garagiste
2 couvreurs                            1 marchand de vélos
2 menuisiers                           2 piocheurs SNCFB
1 entrepreneur maçon              18 employés et fonctionnaires
2 maçons                                44 pensionnés

 

Georges Henneuse - Instituteur- écrit en 1951-1952